Les appels d’offres publics à l’ère digitale : oser le citoyen
10 août 2020 | Patrick Bonnin
La crise du Corona 19 signe le besoin d’État et en même temps la défiance.
Depuis 40 ans, les budgets sont sous pression comme si la crise n’était que le seul horizon. Pour les donneurs d’ordres, le prix ne doit pas être être le seul critère, l’impact économique territorial et la souveraineté stratégique doivent désormais s’incarner dans le cahier des charges et le jugement des offres.
Chaque citoyen gère un budget personnel plus ou moins bien, plus ou moins cigale ou fourmi, mais dans la majorité des cas se distinguer ses dépenses et ses recettes. Le citoyen se comporte consommateur, perdant la vision globale. En revanche, il mesure l’impact global de la dépense dans les choix de la collectivité sans nécessairement faire un lien entre la dépense publique et ses bénéfices associés.
Les investissements en matière de route, d’enseignement supérieur, de santé sont approuvés quand on en bénéficie directement. Imaginons un citoyen plus averti, qui pourrait en amont être associé à la définition des besoins et participer à la conception des projets. Il pourrait par réflexe identifier les différentes contributions des dépenses (pas nécessairement financiers). La puissance publique gagnerait la possibilité de faire la pédagogie de la dépense publique. Le citoyen un moyen d’être responsabilisé et pas seulement un contribuable mécontent.
Et les opérateurs économiques ? À l’ère du digital, tous les acteurs d’un marché se renseignent sur internet, des meilleures pratiques, des innovations, Startup, PME, ETI, Grand Groupes, chacun dans son domaine doit participer à la seconde meilleure définition des besoins et repenser l’expérience citoyenne.
Le citoyen sait par exemple que les transports publics urbains sont pour l’essentiel structurellement déficitaire. Que les acteurs privés et publics se livrent une bataille sur l’efficacité du service et non seulement sur le niveau des prix. Comprend-t-il la structure du tribunaux et l’assainissement, ou une partie du prix contribue à subventionner des travaux pour d’autres collectivités. Pour ce même sujet, est-il à même de comprendre les choix d’infrastructure que la politique de l’eau suppose aujourd’hui et demain (renouvellement des canalisations interconnexion avec collectivités voisines pour garantir la sécurité d’approvisionnement).
Les instances de concertation existent, mais elles sont peu réunies, même si la loi oblige et se limite souvent à la seule information descendante. Dans la pratique, les avis des citoyens sont relativement peu pris en compte. En contrepartie quand certains acteurs s’engagent dans une véritable démarche concertation, la production d’un consensus devient difficile car les citoyens se regroupent parfois dans un refus total des projets. Moins ils ont été associés en amont à la définition du contour du projet plus une minorité radicale empêchant toute forme de construction. Le long épisode projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes à illustrer cette carence de nos systèmes de décision pour les grands investissements. Au final, heureusement pas de victime physique mais le sentiment que la concertation légale n’était pas suivie (le référendum majoritaire pour l’aéroport), qu’une position radicale pouvait avoir gain de cause. De l’autre côté, une défiance qui remet en cause tout processus officiel engagé sans jamais pondérer l’examen des projets à la lumière de leurs bénéfices.
Imaginons un instant des citoyens consultés en amont pour choisir la nature des investissements à conduire sur une commune, au moins donner leur avis. Le conseil municipal est par définition une structure de décision mais la fréquence des réunions, l’expertise nécessaire ne permet pas toujours d’avoir tous les points de vue. Cette transparence et la primauté des élus doit cependant être conservée. Avec le télétravail la possibilité pour les métropolitains travaillait en temps partagé dans des zones rurales celle-ci se trouve parfois dans l’incapacité de piloter leurs investissements par le blocage des néo ruraux.
Pendant plus de 20 ans, j’ai exercé mes fonctions dans des postes à responsabilités du développement, du marketing et de la communication dans l’univers du B To G (Business to Governement). Passionné par la vie de la Cité tant au niveau local qu’au niveau international, j’ai pu exercer un métier en contact constant avec les collectivités locales pour le compte d’un acteur majeur des services à l’environnement.